Ecrire un livre qui a des chances ensuite d’être lu par un grand nombre de personnes demande de passer par différentes étapes d'écriture et d'édition. Une fois qu’on a trouvé le bon titre, le sous-titre de son livre (sa promesse), qu’on lui a donné une structure, on passe à l’écriture proprement dite de son manuscrit.
Mais quand ce premier jet du manuscrit est terminé, il y a encore du travail, même pour les auteurs les plus aguerris. Ce travail, c’est relire ce qu’on a écrit d’un œil critique afin de l’améliorer et l’adapter au mieux à la personne qui le lira. Cette phase d’« editing » est indispensable, qu’un éditeur relise le manuscrit ensuite ou non.
Voici comment aborder cette étape de révision de votre manuscrit de la manière la plus fructueuse et efficace possible, sur le plan éditorial.
Avant de relire son manuscrit, se reposer
C'est formidable d'avoir terminé la première ébauche de votre manuscrit : bravo ! Récompensez-vous de vos efforts en prenant le temps de vous reposer et de vous détendre à la fin de ce premier projet d'écriture. Le plus dur est fait. Vous avez désormais un vrai livre entre les mains, même s'il est encore brut.
Pour vous assurer d’une révision efficace de votre manuscrit, mettez tout de côté pendant au moins une semaine, idéalement deux. Le but de cette pause : avoir un regard neuf lorsque vous reviendrez dessus pour commencer la révision.
Le bon « mindset » pour aborder l'édition de votre livre
Lorsque vous commencez à réviser vous-même un manuscrit, le mieux c’est d'adopter deux principes :
• Le livre ne vous est pas destiné : il est pour vos lecteurs.
• Révisez-le comme s'il s'adressait à un enfant de 12 ans (ou si c’est un livre qui aborde des notions scientifiques ou complexes comme si vous expliquiez ces notions à vos parents ou grands-parents).
La priorité ce n’est pas l’auteur, c’est le lecteur
Bien sûr, le livre vous appartient, c’est votre création. Bien sûr, il contient beaucoup de vos histoires. Mais si vous voulez que l’ouvrage se vende et impacte un grand nombre de personnes, il doit apporter de la valeur aux lecteurs. En substance, pour obtenir ce que vous voulez (ventes, notoriété, autorité dans votre domaine…), vous devez leur donner ce qu'ils veulent.
La réalité est que, dans un livre, vous achetez l'attention du lecteur, paragraphe après paragraphe, et si vous ne comprenez pas cela, votre livre en pâtira (et ses ventes aussi).
Privilégier la simplicité
La meilleure façon de raconter des histoires simples et captivantes est de supposer que vous corrigez votre livre de manière à ce qu'il soit intéressant pour un enfant de 12 ans curieux et intelligent. Cela vous permet de sortir de votre propre tête et vous oblige à être clair. Si vous faites cela, sans être condescendant, le livre sera probablement aussi clair et direct que vous le souhaitez.
Attention, il n’est pas question d'être simpliste ou d'omettre des informations importantes. Ni même de simplifier à outrance, loin de là. Juste, comme le dit Erwan Simon dans La méthode Best-Seller : « vous n’avez pas besoin d’utiliser des phrases complexes pour exprimer des idées complexes, plus vos mots seront simples et plus le message sera transmis et compris ».
Une méthode de révision simple en 3 étapes
Pour revoir votre manuscrit, il vaut mieux le relire à chaque fois avec une intention ou un but différent. Plutôt que tout revoir d’un coup, on découpe le travail de manière que le cerveau se concentrer sur une tâche à la fois et la réalise ainsi de manière optimale.
Cette méthode de révision vise à 1) s’assurer que tout est dans le livre, dans le bon ordre et que tout a du sens 2) que chaque ligne exprime vraiment ce que vous voulez dire 3) que les formulations et les titres soient les plus simples et directs possibles.
Étape 1 : relecture d’ensemble
À cette étape, on ne relit pas tout mot à mot : on examine l’ensemble du manuscrit de manière globale, en prenant de la hauteur. Il s'agit essentiellement de s'assurer que le livre contient tout ce qu'il doit contenir avant de commencer la révision approfondie.
Vérifiez que tous les textes, tous les chapitres et toutes les histoires qui doivent être inclus sont présents, dans le bon ordre, et que tout est cohérent.
Étape 2 : relecture de fond
Cette étape est plus fastidieuse et longue que la première. Elle demande de relire chaque ligne du manuscrit en se posant les questions suivantes :
• Quel est mon propos ?
• Est-il aussi clair et simple que possible ?
• Est-il aussi court que possible ?
• Est-il aussi direct que possible ?
Oui vous avez bien lu : posez-vous ces questions pour chaque phrase que vous relisez. Rassurez-vous : plus vous faites cet exercice de révision régulièrement et plus il sera simple et rapide.
Au cours de cette relecture de votre manuscrit, veillez également à supprimer les répétitions inutiles. Une phrase redondante peut alourdir le rythme du texte et risquer de perdre le lecteur. Allégez où c’est possible dans votre ouvrage. Raccourcissez les phrases et paragraphes trop longs.
Etape 3 : relecture à voix haute
Lisez votre livre à haute voix pour vous assurer que votre écriture semble naturelle. Le principe est simple : si les mots roulent facilement sur votre langue, ils couleront aussi facilement dans l'esprit des lecteurs. A contrario, si vous butez sur un mot ou une phrase dans votre texte, c’est mauvais signe.
Autrement dit, si c'est quelque chose que vous diriez à voix haute, alors cela se lit clairement sur la page. Si c'est quelque chose que vous ne diriez jamais à quelqu’un, cela ne se lira pas aussi clairement.
En vous entendant parler, vous êtes obligé de remarquer les formulations incorrectes ou étranges. Même si vous ne savez pas pourquoi elles ne conviennent pas, vous savez qu'elles ne conviennent pas et vous pouvez les corriger.
Comme le résume Erwan Simon dans La méthode Best-Seller, « si vous parvenez à écrire simplement votre ouvrage en étant le plus proche possible d’une formulation orale, vous vous placez au-dessus de beaucoup d’auteurs, car vous aurez réussi à rendre votre propos accessible ».
Une fois que vous avez effectué chacune de ces étapes, votre manuscrit devrait être prêt à être envoyé à un éditeur. Ce dernier fera lui-même des révisions qu’il vous soumettra. Si vous optez pour une autoédition sur une plateforme numérique, il peut être bon de recommencer ces étapes une deuxième fois.
Quand arrêter de corriger son manuscrit ?
Les trois étapes de révision que l’on vient de détailler, faites à une à deux fois, suffisent largement en général. Vous devriez ne plus voir votre manuscrit en peinture au terme de ces révisions, ce qui sera bon signe.
Mais si vous avez besoin d'un cadre pour vous aider à décider quand et si vous avez terminé votre révision, vous pouvez vous poser deux questions (autant de fois que nécessaire jusqu'à ce que vous ayez terminé) :
Question n°1 : est-ce le meilleur livre que vous pouvez écrire, À L'INSTANT PRÉSENT ?
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Si la réponse est oui, envoyez-le à une maison d'édition.
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Si la réponse est non, passez à la question n° 2.
Question n°2 : que pouvez-vous faire MAINTENANT pour l'améliorer ?
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Si vous avez une réponse, quelque chose que vous pouvez faire pour améliorer votre manuscrit maintenant, faites-le.
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Si vous ne pouvez rien faire maintenant, si la réponse est quelque chose comme « devenir un meilleur écrivain », envoyez-le à la publication.
Il existe aussi un phénomène dont il faut se méfier : se perdre dans une spirale de révision infinie de son manuscrit. Si certains auteurs pensent que leur premier jet est un chef d’œuvre et veulent se passer de toute relecture et révision, il existe d’autres pour lesquels cette étape peut s’allonger indéfiniment. Souvent débutants, ces auteurs continuent à éditer la même chose encore et encore et ne peuvent s'arrêter.
Non pas parce qu'ils apportent des modifications substantielles, mais parce qu'ils se perdent dans les détails de leur manuscrit, s'inquiètent du choix de certains mots, font des modifications insignifiantes et s'obsèdent sur des détails obscurs. Ce phénomène peut être dû à de nombreux facteurs différents : perfectionnisme, peur de la publication, peur du succès ou peur de l'échec. Pour en sortir, une seule issue : publier ce livre maintenant.